La liste

En s’inscrivant à une course, on accepte les règlements de celle-ci. Un élément particulier aux ultra-trails est la nécessité de transporter un certain nombre d’items obligatoires tout le long de la course. Je vous donne ici mes trucs pour alléger au maximum votre sac. Plusieurs athlètes, indépendamment de leur niveau, banalisent cette liste. Toutefois, omettre de transporter tout le matériel obligatoire, c’est de la triche. Au même titre que couper le parcours ou se doper. Évidemment, on peut tricher sans le faire exprès, comme on peut ingérer une substance interdite sans le savoir. Certaines fautes sont certainement pardonnables, mais ça reste de la triche. Comme l’Ultra Trail du Mont Blanc a une liste de matériel obligatoire particulièrement exhaustive, le texte est basé sur cette dernière. Il est fort probable que les items demandés pour votre prochain ultra y figurent, donc ce sera utile pour tout le monde, pas seulement les chanceux qui courront dans les Alpes fin août.

Veste avec capuche, imperméable et ‘respirante’

Cet item se retrouve sur la plupart des listes. Tout le tissu doit être imperméable, donc pas de veste hybride avec quelques panneaux non imperméables. La présence de coutures soudées est généralement l’élément qui est vérifié avant ou pendant la course. À ma connaissance, l’option la plus légère est celle de Inov-8 qui est annoncée à 97 grammes! Attention à l’importance de la capuche… un élément absent sur plusieurs vestes de vélo imperméables ultra-légères.

Le sac

Pour transporter tout le matériel obligatoire. Vu la longueur de la liste de l’UTMB, il serait difficile de faire sans, mais sur la plupart des ultras cet item n’est pas obligatoire et une ceinture de taille peut suffire. En ce moment, j’utilise la veste Ultrun S de Compressport. C’est la meilleure que j’ai eu la chance de tester jusqu’à ce jour. La fermeture éclair à l’avant permet d’éviter d’avoir seulement 2 ou 3 points d’attaches et les sangles d’ajustement latérales permettent de rapidement serrer le sac avant de descendre une pente à pleine vitesse. Si vous respecter mes conseils, vous n’aurez pas besoin d’un grand sac pour tout transporter.

UTHC 2019 avec le meilleur sac de trail de l’univers.

UTHC 2019 avec le meilleur sac de trail de l’univers.

Réserve d’eau minimum 1 litre

Il faut avoir la capacité de transporter un litre. Pas besoin d’avoir un litre de liquide sur soi au départ. Pour une course ou je cours sans veste, j’ai souvent une flasque de 600 mL vide dans une ceinture et je cours avec une flasque de 400 mL à la main (maintenue avec un demi-buff). Si je crois avoir besoin de plus d’eau à un certain moment de la course, je peux toujours utiliser la flasque de 600 mL pour me rendre d’un ravitaillement à l’autre ou même remplir les deux. L’idée est d’éviter d’avoir soif trop longtemps, mais rien n’empêche de boire une grande quantité au ravitaillement pour étancher la soif accumulée ou pour anticiper celle de la section suivante. En pratique, une simple bouteille d’eau en plastique est plus légère qu’une flasque et aussi sérieusement moins chère. Elles viennent même rempli d’eau. Ceci-dit, il faut alors vivre avec le désagréable clapotis du liquide dans vos bouteilles. Bref, une flasque souple, c’est quand même mieux. Une étude récente a démontré qu’il n’y avait pas de différence à transporter 1 kg dans un sac, dans une ceinture de taille ou à la main. Ceci-dit, un échantillon plus grand aurait certainement rendu la différence significative pour le poids dans la main, mais de toute façon personne ne court avec une flasque d’un litre à la main. Une étude pilote que j’ai réalisé me permet aussi de douter de l’efficacité du transport de l’eau à la main, même pour un athlète habitué. Ceci-dit, la diminution de l’économie de course n’est certainement pas très grande. Le confort, les préférences personnelles, le swag, l’utilisation des bâtons et la thermorégulation sont des éléments à considérer quand on choisit comment on transporte sa boisson.

Deux lampes en bon état de marche avec batterie de rechange pour chaque lampe

L’UTMB recommande 200 lumens pour la lampe principale. Je recommande plutôt 400 lumens pour les descentes. J’ai une Stoots Hekla, un ancien modèle qui a été remplacé par la Stoots Kiska 2. Cette dernière permet de maintenir un éclairage de 400 lumens pendant 6 heures, 1000 lumens pendant 2 heures et ce pour un poids plume de 72 grammes. Difficile de trouver un meilleur rapport lumen-prix. Comme lampe de rechange, je transporte une Petzl e+LITE qui ne pèse que 26 grammes, mais qui ne fournit que 3 heures à 30 lumens. De quoi dépanner, mais on peut oublier la performance si on doit l’utiliser en pleine nuit. La Mitsi 2 de Stoots ne pèse que 61 grammes et permet de vous éclairer suffisamment pour ne pas ralentir avec une autonomie de 7 heures à 300 lumens. Comme elle est compatible avec la batterie que les autres modèles Stoots, cette option est particulièrement intéressante si vous utilisez une Stoots comme lampe principale ou même en tant que lampe principale si 300 lumens vous suffisent. Il est possible de courir avec deux lampes de secours le jour et de récupérer sa vraie frontale en cours de route, mais il faut alors avoir une confiance absolue en votre assistance ou en l’organisation si vous la laisser dans un sac d’allégement. Bref, je ne recommande pas cette option même si j’ai déjà fait ça quand j’étais dans le team WAA.

1000 lumens dans la descente des Morios en 2019. J’avais alors manqué le KOM par une minute et mis 6 minutes à mes poursuivants.

1000 lumens dans la descente des Morios en 2019. J’avais alors manqué le KOM par une minute et mis 6 minutes à mes poursuivants.

Couverture de survie

Minimum 1,40 m x 2 m. À mon avis on devrait obliger le bivouac de survie qui pèse seulement une cinquantaine de grammes de plus. Ceci-dit, tant que ce n’est pas obligatoire, il vaut mieux sauver des grammes que d’avoir la possibilité de se mettre vraiment au chaud si on est immobilisé. Je n’ai jamais eu besoin de me protéger des éléments avec une couverture de survie, mais je suis quand même persuadé de la supériorité d’un bivouac de survie qui est essentiellement un sac de couchage ultra-léger.

Sifflet

Inclus avec la plupart des vestes de course. Il y en a aussi un sur la frontale de secours Petzl e+LITE.

Téléphone

Mon téléphone de course pèse 22 grammes. Difficile de trouver plus léger. Évidemment, il ne permet pas de prendre des photos, mais c’est pour les compétitions, pas pour faire du tourisme. Le petit clavier n’étant certainement pas rapide d’utilisation, il vaut mieux préalablement avoir sauvegardé les numéros d’urgence fournis par l’organisation, ce qui est de toute façon demandé. C’est possiblement l’élément de la liste où on peut sauver le plus de poids, les smartphones sont de plus en plus gros et pèsent maintenant souvent près de 200 grammes.

Gobelet personnel

Minimum 150 mL. Un carton de jus coupé exactement au bon volume est une option intéressante, mais on trouve de plus en plus de gobelet flexible sur le marché. Certaines courses ne permettent pas que certaines boissons soient transportés, il faut alors consommer son coke directement sur place au ravitaillement… Le concept de ‘ravitaillement’ perd alors tout son sens, mais c’est dans ce genre de situation qu’on ne peut pas simplement remplir une flasque.

Pantalon à jambes longues

La combinaison de chaussettes hautes avec pantalon trois-quart est aussi permise, mais constitue un faux pas vestimentaire passable d’une amende salée de la police du style. Un pantalon coupe-vent est non seulement très léger, mais aussi réellement utile en cas de fort vent. J’ai celui de WAA qui pèse une soixantaine de grammes, mais je ne le trouve plus sur leur site. Un pantalon en Tyvek comme celui de Raidlight semble être une bonne option. J’imagine qu’on peut trouver l’équivalent destiné à une utilisation non sportive à une fraction du prix.

Casquette ou bandana ou Buff

Ici, le swag l’emporte sur le poids. Cette saison, j’opte pour une casquette de Insane Inside.

Seconde couche chaude

L’UTMB permet soit d’avoir un chandail manche longue d’au moins 180 grammes ou de combiner un chandail d’au moins 110 grammes avec un coupe-vent. Comme on peut facilement trouver des coupe-vent de course à moins de 70 grammes, la deuxième option est plus légère, mais aussi plus pratique selon moi. J’ai un chandail Compressport qui fait exactement 110 grammes et un vieux coupe-vent WAA (67 grammes après quelques modifications). Le coupe-vent Deploy de Black Diamond est annoncé comme étant le plus léger au monde avec ses 48 grammes. Il est très pratique d’avoir un accès facile à cet item (dans une ceinture de taille ou dans une poche accessible sans enlever votre sac) pour pouvoir rapidement l’enfiler par-dessus tout votre équipement sans vous arrêter. Chaque seconde compte.

Vibram Hong Kong 100 2016. Il faisait sérieusement froid sur les crêtes. La veste sous le sac comme un amateur.

Vibram Hong Kong 100 2016. Il faisait sérieusement froid sur les crêtes. La veste sous le sac comme un amateur.

Bonnet

Une tuque. J’en ai une faite pour le ski de fond qui est particulièrement chaude pour son poids (25 grammes). On peut certainement trouver plus léger, mais il y a des items qui peuvent vous sauver la vie et celui-ci en est un.

Gants chauds et imperméables

Possiblement une combinaison de 2 paires. Des gants de vaisselles (raccourci pour sauver des grammes) font l’affaire comme gants imperméable, cette option est même proposé par l’UTMB. Étant particulièrement frileux des mains, je ne transporterai mes gants ultra-légers (ma paire à 24 grammes) que si je suis certain qu’il ne fera pas froid. Sinon, j’ai plein d’autres options. Si les prévisions sont vraiment mauvaises, j’ai une paire de gants de vélo en néoprène qui me permet de garder mes mains chaudes même sous la pluie.

Surpantalon imperméable

Ceux de Compressport ne pèsent que 92 grammes.

Bande élastique adhésive permettant de faire un bandage

Minimum 6 cm x 100 cm. Pas un centimètre de plus.

Réserve alimentaire

Vous allez évidemment avoir de la nourriture sur vous. Trois ou quatre barres de fruits XACT par heure de course devraient faire l’affaire. Certaines courses, comme les championnats du monde de Trail, exigent qu’il vous reste une portion à la toute fin. Dans ce cas, vous pouvez les narguer en emballant individuellement un Gummy bear.

Pièce d’identité

Je crois que les Canadiens doivent transporter leur passeport puisque l’UTMB traverse les frontières. Étant aussi Suisse, je transporte plutôt ma carte d’identité pour sauver encore des grammes.

Autre matériel conseillé

Les bâtons ne sont pas obligatoires, mais peuvent être pratique. Ceci-dit, ils ne vous offriront un avantage que si vous êtes en mesure de les utiliser efficacement. Pour les transporter entre deux montées, rien de mieux que de les fixer à une free belt pro. Cette dernière sert aussi de porte dossard. J’utilise des Gipron 310 Mont-Blanc Carbon 4 qui ne pèsent que 110 grammes chacun.

Une montre GPS peut aussi vous être utile, mais simplement avoir le temps écoulé suffit pour respecter votre plan alimentaire. Lors d’un ultra en montagne, il est souvent plus pratique d’avoir sa vitesse ascensionnelle ou son allure équivalente à plat que l’allure horizontale. Bref, le GPS ce n’est pratique que pour avoir votre sortie sur Strava, donc absolument essentiel.

Les fameux bas ou manchons de compression sont difficiles à agencer avec vos autres vêtements. Toutefois, de plus en plus d’évidences scientifiques pointent vers un effet bénéfique des chaussettes de compression lors d’un effort prolongé. Possiblement même via une réduction des dommages intestinaux.

Compression sans compromettre le swag.

Compression sans compromettre le swag.

Des chaussures, c’est une bonne idée pour la plupart des coureurs. Évidemment, la chaussure parfaite est propre à chacun. L’objectif est de trouver le modèle le plus léger pour lequel vous êtes adaptés et qui est aussi adapté au terrain de la course. En ce moment, j’affectionne particulièrement les X-Talon G 210 de la marque Inov-8. Parfaites pour les sentiers plus techniques et souvent boueux du Québec. Pour un parcours roulant comme celui des courses de l’UTMB, une vraie autoroute, j’opterais probablement pour un modèle moins cramponné.

Des shorts c’est plus décent, mais un dossard bien placé peut vous permettre d’assouvir votre penchant exhibitionniste en toute subtilité tout en sauvant quelques grammes. Pour une pénalité de seulement 40 grammes, j’opte pour la décence et les split shorts de Compressport.

Une bonne paire de lunettes photochromique permet de protéger vos beaux yeux. J’apprécie particulièrement le modèle Fury de Julbo et sa lentille cylindrique qui me donne fière allure.

CCC 2015. Toute la liste dans ce petit sac et pourtant, je ne connaissais pas encore tous les trucs.

CCC 2015. Toute la liste dans ce petit sac et pourtant, je ne connaissais pas encore tous les trucs.

Autres conseils

Tester tout ça à l’entraînement! Même en respectant ces recommandations, le sac plein, sans eau ni nourriture, peut peser près de 900 grammes. Évidemment, il est impératif de couper toutes les étiquettes et tous les éléments non-essentiels de votre équipement. Les élastiques de serrage sur les vestes ou les pantalons par exemple. Même si je vous recommande fortement de virer fou avec le poids de votre équipement, je vous recommande aussi de ne pas trop vous soucier de votre poids corporel. Ce sujet mérite un article à lui seul, mais il est important de garder en tête que pour aller vite pendant un ultra, il faut d’abord être en santé. Finalement, si vous préparer l’UTMB au Québec, je vous recommande d’aller faire quelques grosses séances de dénivelé négatif sur une de nos belles petites montagnes comme le Mont-Orford ou le Mont-Tremblant. Il est aussi intéressant de s’entraîner au moins une fois la nuit pour tester le système d’éclairage. Bon entraînement!

Tout le matériel obligatoire pour l’UTMB. 970 grammes au total.

Tout le matériel obligatoire pour l’UTMB. 970 grammes au total.

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